La chute vers l'enfer
La chute vers l'enfer :
Des semaines de galères, des jours entiers à attendre, des demandes de liberté provisoire refusées, des promesses utopiques, le moral qui dégringole, la santé qui se décline peu à peu …
Le plus difficile pour une femme est la séparation avec ses enfants, il m'est arrivé de hurler, de pleurer en me demandant si un jour je les reverrai, et si je les verrai grandir ?
Que devaient-ils penser de moi ? Je les avais accompagnés un matin à l'école et je ne suis jamais revenue les chercher …Ils sont parti avec ma belle mère, en France, deux jours après mon incarcération et depuis plus rien, quelques petites lettres que j'arrivais à envoyer et puis c'est tout... Comment s'avoir ce qu'ils pensaient ? Pour la fête des mères j'étais comme beaucoup d'autres au fond du trou, toutes les mamans essayaient de ne pas penser à cette fête, mais quand j'ai reçu leurs dessins, ce fût un vrai déchirement …
De même pour la fête des pères, bien sure impossible de téléphoner, alors j'ai fais en sorte de pas y penser, c'était trop dur …
Durant mon incarcération, j'ai malheureusement perdu deux de mes amis, l'annonce est toujours brutale mais le pire est de s'avoir qu'on ne peut être prêt d'eux, que nous ne pouvons assister aux funérailles, que je serai absente quoiqu'il arrive….
L'être humain a une capacité incroyable à encaisser un nombre de chocs , pour ma part ça aura duré 2 mois , 2 Mois ou Mr Dailly n'avait jamais pu m'enlever mon sourire.... Mais dès l'instant où notre esprit ne suit plus, notre état se dégrade vite... Je ne rigolais plus, je ne sortais plus de la chambre, ce qui a alerté les pénitencières, elles me voyaient marcher de moins en moins bien, mon regard devenait vide, elles me disaient de me reprendre, mais je ne voulais pas, j'avais abandonné le combat...
L'ambassade de France a appris que mon état de santé se dégradait, elle m'a envoyé le médecin Français, puis le médecin du ministère, tous deux me donnèrent un traitement et constataient ma dégradation, mais je ne voulais prendre aucun médicament, je voulais arrêter mon combat…. Mes copines de cellules essayaient de me redonner du courage, mais rien y faisait, j'avais du mal à respirer, à marcher et mon bras gauche me faisait mal, je maigrissais à vue d'œil, je devenais muette, j'étais vidée et j'avais perdu mon sourire ....
Je me rappellerai toujours de cette matinée du 29 Juin, alors que je tenais le petit Harnès dans mes bras, le bébé d'une détenue, on est venue me dire que j'avais une visite importante ….En trainant des pieds, je me rends à l'infirmerie et je vois des médecins, ainsi qu'une personne d'un Ministère, j'étais terrifiée, qu'allaient ils encore m'annoncer ? Ils me posent des questions sur mon état moral, et pourquoi je ne voulais pas me soigner … Je leur réponds que je ne veux plus continuer le combat, à quoi bon, Monsieur Gilbert Dailly a de toutes façons gagné, il m'a tout pris : mon mari, mes enfants, ma dignité, ma liberté et ma santé !! Je ne veux plus me battre contre lui, ni contre personne !!!! J'arrête là, terminé ....laissez moi au moins mourir en paix !!!
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